Amadou Amal est aujourd’hui l’une des auteures les plus reconnues du Cameroun. Née à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord, elle construit une œuvre qui explore les réalités sociales et les rapports de domination qui touchent particulièrement les femmes du Sahel. Elle publie son premier roman, Walaandé, l’art de partager un mari, en 2010. L’ouvrage plonge dans la pratique de la polygamie et décrit, à travers des destins croisés, les rivalités, les frustrations et les stratégies de survie de femmes contraintes de partager le même époux. Le roman connaît un important écho et installe Djaïli Amadou Amal comme une voix nouvelle de la littérature camerounaise. En 2012, elle revient avec Mistiriijo, la mangeuse d’âmes, où elle aborde les croyances et les violences psychologiques au sein des familles traditionnelles. Puis en 2017, elle publie Munyal, les larmes de la patience, un roman qui examine la notion de “patience” imposée aux femmes dans les mariages arrangés ou forcés. Le livre met en lumière l’ampleur des mariages précoces et l’impact de ces pratiques sur la vie des jeunes filles. C’est cette dernière œuvre, rééditée sous le titre Les Impatientes, qui lui vaut en 2020 le Prix Goncourt des lycéens, l’une des distinctions les plus importantes de la littérature francophone. Le roman suit le parcours de trois femmes confrontées au mariage forcé, aux abus conjugaux et aux injonctions sociales à “supporter”. À travers ces récits, Djaïli Amadou Amal documente des réalités encore peu représentées dans la littérature francophone contemporaine. Avec sa plume simple, directe et bouleversante, Djaïli Amadou Amal rappelle au monde que la littérature n’est pas seulement une histoire de mots. C’est un acte de courage. Et parfois, c’est une révolution. Une révolution née du Sahel.

BELS